Le bison d'Europe, un rescapé de la première Guerre Mondiale

En Europe - Le bison d'Europe, un colosse rescapé de la première Guerre Mondiale

 

En Lozère, un mâle adulte dans le Parc aux bisons d'Europe

Un mâle adulte à l'allure élancée, dans le Parc aux bisons d'Europe

 

Rescapé de la première Guerre Mondiale, le bison d'Europe est le plus imposant mammifère de notre continent. A l'état sauvage, il peut-être observé de la Pologne à la Russie et de la Lituanie à la Roumanie. En France, plusieurs parcs animaliers accueillent, en semi-liberté, quelques hardes.

Mammifère forestier, le bison d'Europe était présent, de l'Atlantique à l'Oural, sur quasiment tout notre continent jusqu'au Moyen Âge. Mais, la déforestation engendrée par la consommation croissante de bois de chauffage et de bois d'oeuvre, le développement de l'agriculture, les guerres et la chasse, vont peu à peu conduire à sa disparition à l'état sauvage. De fait, au terme de la première Guerre Mondiale, seule une cinquantaine d'animaux, dont une majorité de mâles, issus d'une douzaine de lignées différentes, survit en captivité dans une poignée de parcs zoologiques à travers l'Europe.

 

Le blason du parc national polonais de Bialowieza

Le blason du Parc national de Bialowieza (Pologne)

 

La mobilisation des autorités et d'un zoologiste polonais

Même dans la mythique forêt polonaise de Bialowieza, l'important troupeau encore présent dans ce sanctuaire, avant la Grande Guerre, a été décimé. L'histoire du plus imposant mammifère terrestre européen aurait pu s'arrêter là, mais c'était sans compter sur la détermination des autorités et d'un zoologiste polonais.

Sous l'impulsion de Yan Sztolcman, le zoologiste en question, un plan de sauvetage est adopté à Paris, en 1923, lors d'un congrès international pour la protection de la nature. Dans un premier temps, afin de régénérer l'espèce sa patrie achète deux femelles et un mâle dans des zoos de Suède et d'Allemagne.

 

Dans les années 1930, chaque bison, avec son nom, sa date et son lieu de naissance, est répertorié dans un livre généalogique. Puis, en 1952, deux spécimens sont enfin lâchés dans la forêt de Bialowieza et cinq ans plus tard un veau ou bisonneau voit le jour en liberté comme ses valeureux ancêtres.

Année après année, l'effectif des bisons croît et d'autres réserves polonaise, comme Bieszczady, Boreka, accueillent à leur tour notre rescapé. Ainsi, la Pologne va devenir le principal réservoir mondial de l'espèce avec plusieurs centaines d'individus essentiellement présents dans des Parcs Nationaux plus ou moins vastes.

 

Deux mâles bisons d'Europe dans le parc lozérien

Deux robustes mâles bisons d'Europe dans le parc lozérien

 

 

Une carte de situation illustrée du Parc aux bisons d'Europe

Une carte situant le parc aux bisons d'Europe dans la Margeride

 

Une présence en semi-liberté dans quelques parcs français

En France, le bison d'Europe était encore présent dans les forêts des Vosges et des Ardennes sous le règne de Charlemagne. Avec ses fils, l'empereur aurait tué plusieurs bisons et aurochs dans les Ardennes, en l'an 799. La disparition, à l'état sauvage, du bison de notre territoire serait intervenue dans le courant du 10e siècle. Aujourd'hui, au-delà de nombreux zoos "traditionnels", quelques parcs, de 100-200 à 700 hectares, accueillent l'animal en semi-liberté. Le plus ancien, est le parc aux Bisons d'Europe de Sainte-Eulalie (Lozère) et le plus vaste est la réserve biologique des Monts d'Azur (Alpes-Maritimes).

Ouvert au public durant l'été 1993, le parc aux Bisons d'Europe a été créé sous l'impulsion du biologiste Gilbert Maury. Passionné par le bovidé sauvage qu'il aurait découvert lors d'un voyage en Pologne, afin de parvenir à ses fins ce biologiste a dû convaincre les élus locaux, le département de la Lozère et la population de Margeride de l'intérêt scientifique et économique de son projet de parc. Il a dû, en outre, persuader les scientifiques polonais d'autoriser le transfert de bisons de la forêt de Bialowieza vers la Margeride afin de créer une harde dans un territoire parcouru librement par l'espèce dans le passé.

 

 

Une calèche utilisée pour la visite des bisons d'Europe

L'une des calèches utilisées pour la visite des bisons d'Europe

 

La préservation de l'espèce contre une éventuelle épidémie

Sur 150-200 hectares de pins, landes à genêts et prairies naturelles, le parc de Sainte-Eulalie abrite, en 2018, une trentaine de bisons, bisonnes et bisonneaux. Cette harde, en semi-liberté, peut-être observée lors de promenades à pied, en calèche voire en traîneau lorsque la neige est au rendez-vous durant l'hiver.

Le parc lozérien, dispose également d'un musée permettant à ses visiteurs de compléter leurs connaissances sur le bison d'Europe et le massif granitique de la Margeride.

 

Un bisonneau un peu à l'écart de sa hardeDans le parc lozérien, un bisonneau un peu à l'écart de sa harde

 

 

Un massif situé aux confins de la Lozère, du Cantal et de la Haute-Loire, à la géologie, au climat, à la faune et à la flore encore riches.

La réserve biologique des Monts d'Azur, a quant a elle été créée, dans les années 2000, par le vétérinaire Patrice Langour. Sur sept cent hectares de pelouses naturelles et boisements remarquables, elle accueille une harde de bisons d'Europe mais également des chevaux de Przewalski et d'autres animaux.

Aux yeux notamment des zoologistes polonais, la présence de hardes évoluant dans des réserves éloignées de leur pays constitue en quelque sorte une "assurance vie" pour l'espèce. Car, comme les autres bovins le bison d'Europe n'est pas à l'abri d'une épidémie telle celle survenue dans plusieurs réserves polonaises en 1953.


Article J-F Rivière (texte, photos) - Des Campagnes Vivantes ©


Pour aller plus loin :

http://www.bisoneurope.com ; http://pttk.bialowieza.pl  

 

Un documentaire diffusé sur la chaîne franco-allemande Arté

 

 

 

 

Un animal forestier, distinct de son cousin nord-américain

 

Une jeune femelle bison d'Europe du parc de Sainte-Eulalie

Une jeune femelle avec ses cornes rapprochées et sa bosse discrète

 

Le bison d'Europe, est un mammifère herbivore vivant, le plus clair de son temps, en forêt au sein d'une harde d'une trentaine d'animaux, au maximum, menés par une femelle adulte. Son régime alimentaire, se compose d'herbe et dans une moindre mesure d'écorces et de feuilles d'arbres, d'arbustes voire de lichens. Généralement, la période du rut, au cours de laquelle les mâles adultes s'affrontent, débute au mois d'août et s'achève courant octobre.

Les mâles les plus faibles, ne prennent pas part à la reproduction et vivent à distance de la harde. La durée de gestation des femelles est d'environ neuf mois. Avant la mise-bas, la femelle s'éloigne régulièrement du troupeau.  Le bison d'Europe, se distingue de son cousin d'Amérique par un corps plus élancé, des membres plus longs, une tête portée plus haut, des cornes moins écartées l'une de l'autre.

En outre, la toison, entre ses cornes, est souvent peu développée, contrairement à celle du bison d'Amérique, et sa bosse est moins prononcée. Les mâles pèsent 800 kilos à une tonne et leur hauteur au garrot varie de 1, 75 mètre à deux mètres. Plus fines, les femelles pèsent 350 à 600 kilos.

La durée de vie de l'animal est de 15 à 20 ans. Courant 2015, plus de 6000 bisons d'Europe vivaient sur notre continent dont plus de 4000 en liberté, essentiellement en Pologne et Biélorussie mais également en Russie, Lituanie, Roumanie..., selon l'European Bison Conservation Center.

 

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